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Guérir et devenir



Guérir oui mais ?


La vie est surprenante ! Tout peut changer en un clin d’œil !

Tout peut basculer !

C’est ce qui m’est arrivé…. J’allais bien…. Et puis … Tout à coup, ou plutôt peu à peu, mais je n’ai rien vu venir, j’ai perdu ce qui constituait ma personne. J’ai perdu doucement la compréhension, la vision, l’équilibre, la mémoire, le langage des mots…. Je disparaissais à l’intérieur de mon corps… Un peu comme les personnes qui souffrent d’Elsheimer, sauf que ce n’était pas ça et mon entourage était interloqué, ne supportant pas mes changements d’humeurs, mon agressivité, ma perte de mémoire et du langage…

Après une IRM, la sentence est tombée : Tumeur au cerveau !


Opération en urgence qui pouvait me laisser morte ou dans un état végétatif du fait que la tumeur était grosse et très mal située. Ce fut donc une opération de 30h, réveil des plus douloureux. Tout mon corps hurlait.

Face au traumatisme de la chirurgie, notre corps devient plus vulnérable que jamais. C’est une période critique et fragile. Tout est en suspens ! Il lui faut du temps pour absorber le choc. Va-t-il plier et s’adapter tel un roseau ? Ou se rompt et cesser de fonctionner ?


A l’hôpital, je me suis retrouvée entouré de beaucoup de monde : Chirurgiens, médecins, infirmiers, aide soignants, spécialistes de la rééducation, thérapeutes…

C’est un peu comme un sport d’équipe, un effort collectif vers la ligne d’arrivée. Il y a toute une équipe pour me remettre à neuf. Tout ce monde m’aide à accomplir une chose à la fois, étape après étape, combat après combat. Et c’est comme ça, que j’ai pu réapprendre à me lever, à marcher, à retrouver une autonomie personnelle, quelle joie quand j’ai pu faire ma toilette seule !

Ainsi, pas à pas, j’ai récupéré le langage, la vision, la motricité…. Je me suis sentie soutenue, accompagnée, et mon entourage venait me voir tous les jours me permettant de garder le moral.

Mais la chirurgie, l’hospitalisation sont aussi un traumatisme en soi. Et une fois le travail terminé, l’hospitalisation finie, le vrai travail commence, c’est ce qu’on appelle la convalescence.


La convalescence n’est pas un sport d’équipe, c’est une course de fond, c’est long, parfois très long, cela demande des efforts colossaux sans rien relâcher, c’est épuisant et surtout solitaire !

Malgré tous nos efforts, certaines blessures ne guérissent jamais vraiment.

Parfois, le changement peut être radicale, trop radicale pour espérer un retour à la normal. Il peut même arriver qu’on ne se reconnaisse pas.

Comme si on avait vécu une métamorphose plutôt qu’une guérison !


Dès lors, je peux dire qu’on entame la phase de transition.

On est en guérison mais on n’atteint pas les 100%, peut-être nous n’y arriverons jamais ! On ne se reconnait pas. On est toujours dans le combat solitaire.

J’ai dû, comprendre ce qui m’est arrivée, m’adapter à ce nouveau corps, à mes nouvelles capacités. Je me sentais différente. Ma perception de la vie changeait. Ce qui était fondamentale, ne l’était plus.

Les autres voyaient ma progression et me lâchaient la main. Les appels et les propositions d’aides et de soutien ont disparu. J’ai senti que je ne pouvais plus confier mes combats, mes peine, ma souffrance, car on me rappelait sans cesse la chance que j’avais eu, le chemin parcouru. Alors j’acquiesçais, je remerciais d’y avoir échappée !

Et pourtant parfois, j’aurais aimé crier, pleurer, être réconfortée, écoutée, comprise.

J’avais perdu mes repères et je me sentais seule.

J’ai essayé pourtant, de toutes mes forces, de reprendre là où je m’étais arrêtée mais peine perdue.

Je devais accepter que je me retrouvais avec des handicapes invisibles comme la fatigue, l’incapacité de rester concentrer trop longtemps, de devoir me mettre en OFF pour éviter les malaises, de ne pouvoir parfois me déplacer parce que mon cerveau ne regagnera jamais le champ visuel manquant.

Le traumatisme psychique prend le relais alors que le corps semble se remettre et là je me suis sentie emmurée dans une incompréhension, dans un isolement encore plus grand.

Tout le monde reprenais sa vie et moi je me sentais perdue et seule dans cette transition, en dehors de la vie, de ma vie d’avant.


La transition peut ressembler à un long tunnel sombre et effrayant, mais nous devons le traverser et en sortir… Car qui sait, ce qui nous attend sera peut-être magnifique ?

Cette phase de transition demande concentration, volonté, estime et force. Un travail de deuil, de résilience est à faire pour rebondir et devenir une toute autre personne avec une toute autre vie.

L’entourage peut être aidant et nous accompagner dans ce changement. Il est rare de gagner seul. Et pourtant ce même entourage aimant, peut être violent face à ces changements qu’il n’accepte pas ou ne voit pas et rend le combat encore plus difficile.



Mais en fait, ce fut à moi d’accepter que je n’étais plus la même personne, j’ai dû prendre conscience des nouvelles capacités, faire le deuil de celles qui ne reviendraient jamais. Apprendre à vivre autrement, se découvrir peu à peu et faire de ce changement une force, et me permettre de me dresser fièrement et accepter celle que je deviens car c’est une découverte de chaque jour et cela demande une capacité d’adaptation et d’acceptation continue.

Aujourd’hui, je suis contente de qui je deviens, comme si cette tumeur m’avait permis de renaitre et de, peut-être, découvrir qui je suis vraiment, car pendant toute cette convalescence et transition, j’ai pu guérir mes blessures, gagnez en estime, trouver la liberté d’être soi, dépasser mes dépendances , accepter et pardonner ceux qui m’ont trahie …


Alors je me demande si pour guérir vraiment ce ne serait pas de faire de cette épreuve une renaissance qui peut nous apporter bonheur et sérénité. De trouver notre plan B, comme le dit si bien Grand Corps Malade. Nous devons tourner la page, accepter les ruptures relationnelles, sociales, professionnelles et se concentrer sur le présent pour évoluer, s’envoler et vivre notre nouvelle vie.

Après tout c’est peut-être cela le secret de la guérison

RENAITRE !



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